Le Mali, unique pays de la zone Uemoa sans programme avec le FMI, mène des négociations discrètes depuis plusieurs semaines.
Ces discussions ont lieu en toute confidentialité, avec une mission du FMI envoyée à Bamako mi-décembre, dans le plus grand secret. L’objectif de cette mission semble stratégique, visant à trouver un accord d’ici le premier trimestre 2025. On prie pour que ça marche.
Le FMI, qui a déjà envoyé plusieurs missions à Bamako, espère désormais formaliser un programme de soutien financier pour la junte. Ces négociations sont d’autant plus cruciales que le Mali, contrairement au Burkina Faso et au Niger, est le seul membre de l’Uemoa sans programme en place avec l’institution de Bretton Woods. Un accord avec le FMI pourrait faciliter le retour des bailleurs internationaux. Soulageant ainsi le pays en crise.
Cependant, les discussions entre Bamako et le FMI ont été particulièrement complexes et semées d’embûches ces deux dernières années. Les priorités du Mali, notamment en matière de dépenses sécuritaires, rendent l’accord difficile à trouver. La junte malienne, dirigée par Assimi Goïta, met l’accent sur les besoins urgents pour la sécurité du pays, ce qui limite la flexibilité dans l’utilisation des fonds.
En avril 2024, le FMI a accordé un financement d’urgence de 120 millions de dollars au Mali.
Une aide conditionnée par une stricte traçabilité des fonds.
Cette condition a rencontré l’opposition de la junte, qui désire une plus grande latitude dans l’usage des ressources financières. De plus, le Mali fait face à une dette importante vis-à-vis des institutions financières de l’Uemoa, qu’il n’a pas honorée depuis 2020. Un point qui pourrait compliquer davantage les négociations.
La dette accumulée par Bamako est estimée à près de 114 milliards de francs CFA (environ 174 millions d’euros). Cette situation a été soulevée lors des discussions discrètes entre les chefs d’État de l’Uemoa. Notamment en décembre 2024, en marge du sommet de la Cedeao à Abuja. Le Mali a, jusqu’à présent, rejeté toute demande de régularisation, se justifiant par ses priorités sécuritaires.
À l’inverse, le Niger et le Burkina Faso ont pris soin de régulariser leurs dettes avant de négocier avec le FMI, ce qui pourrait renforcer leurs positions respectives. Le Mali devra faire face à cette pression croissante s’il souhaite véritablement avancer dans ses négociations pour un programme avec l’institution internationale.
JM AHOUSSY
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE