2025 s’annonce comme une année clef de voûte dans l’histoire politique de la Côte d’Ivoire. Le populisme monte en puissance à l’insu de ceux-là même qui le portent.
Tous les électorats disent être en quête de changement. Les électeurs ont manifesté leur exaspération envers Gbagbo et Bédié hier, un tout petit peu à l’encontre d’Houphouët-Boigny avant-hier. Aujourd’hui contre Billon, Ouattara, Thiam, Gbagbo, Affi les dirigeants en place, ils manifestent. Cette vague de « sortez les sortants »se trouve dans l’effacement de l’apaisement et la montée des extrêmes. Elle trouve un écho particulier à Abobo, Yopougon, Daloa, Bouaké , Korhogo, Toulepleu…
Les jeunes Ivoiriens expriment une frustration croissante face à des élites perçues comme toutes déconnectées.
Gbagbo serait has been et aurait recours à Nady Bamba: une novice. Billon dit que Thiam est déconnecté depuis 23 ans. Thiam estime que Billon ne fait pas partie des meilleurs cerveaux du monde.
Le populisme, qu’il soit de gauche ou de droite, s’impose comme une réponse apparente à leurs attentes. La politique ivoirienne, traditionnellement dominée par de grands partis, voit émerger des figures charismatiques. Elles revendiquent une connexion directe avec « le peuple ». C’est ce qui a poussé Thiam a dansé du Zoblazo. Ouattara du fouka fouka, Bédié à exhiber des bretelles sur un titre de Magic System
LE POPULISME : UNE PROMESSE DE RENOUVEAU ?
Ces leaders de plus en plus populistes ivoiriens adoptent une rhétorique simpliste mais puissante. Un peu comme Himra ou Didi B et leurs punchlines. Ils promettent des solutions rapides à des problèmes complexes comme l’inflation, le chômage ou l’insécurité. Ils se positionnent comme les seuls défenseurs des intérêts du peuple. Rejetant les contre-pouvoirs institutionnels jugés trop lents et inefficaces.
Le populisme ivoirien reflète également une critique implicite des démocraties libérales. Lesquelles sont souvent accusées d’être incapables de répondre aux attentes des citoyens. En 2025, l’adoption de ces mécanismes populistes pourrait remodeler les règles du jeu politique en Côte d’Ivoire.
UNE SOCIÉTÉ IVOIRIENNE EN QUÊTE DE CHANGEMENT
La montée du populisme est alimentée par des réseaux sociaux de plus en plus influents. Ces plateformes, loin d’être de simples outils de communication, deviennent le terrain de jeu privilégié des populistes. Ils y mènent des campagnes de désinformation et manipulent l’opinion publique. La montée est aussi alimentée mine de rien par Nci 360 et Life le Grand talk.
Des professeurs et journalistes ou même des bloggeurs tous médiatisés se prennent pour des intellectuels ou des politologues.
De dire ce qu’ils pensent leur donne l’illusion de dire la vérité.
Les jeunes, en particulier, constituent un vivier pour ces actions. Face à des opportunités économiques limitées et à une mobilité sociale restreinte, ils se tournent vers des leaders. Lesquels leur promettent un avenir meilleur. Ce « dégagisme » s’exprime par le rejet des élites traditionnelles et une volonté de renverser l’ordre établi.
LE DÉFI DU CENTRISME ET DES INSTITUTIONS
Le populisme ne se contente pas de bousculer les équilibres électoraux. Il menace également les institutions démocratiques. En Côte d’Ivoire, comme ailleurs, l’effacement du centre politique met à mal les mécanismes de compromis et de gouvernance collégiale. Les populistes, en revendiquant la souveraineté absolue du vote populaire, réduisent le rôle des contre-pouvoirs et favorisent une concentration excessive du pouvoir.
2025 : UNE ANNÉE D’OPPORTUNITÉS ET DE DANGERS
La montée du populisme représente à la fois une opportunité et un danger pour la Côte d’Ivoire. Elle pourrait conduire à un renouvellement bienvenu de la classe politique et à une meilleure prise en compte des attentes populaires. Mais elle pourrait aussi fragiliser les institutions et polariser davantage la société.
L’avenir dépendra de la capacité des acteurs politiques et de la société civile à trouver un équilibre entre l’exigence de changement et la préservation des fondements démocratiques. Dans ce contexte, 2025 pourrait bien être une année charnière pour la démocratie ivoirienne.
MARIE GNIALET
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE