Zeinab Bancé a voulu casser un record, elle y est parvenue après 11 mois de préparations. Didi B qui a été le premier à jouer au Parc des expositions et veut jouer au stade Félix Houphouet-Boigny. Il se prépare depuis 8 mois. Himra a déjà atteint les 43 mille personnes au parc des expositions en dehors de la salle.
Il est l’artiste francophone le plus écouté sur les plateformes. Alors qu’il chante dans un français que seuls les Ivoiriens -quand ils sont jeunes- comprennent. L’idée est encore de battre un record et des records.
Les records, souvent perçus comme des exploits glorieux, peuvent parfois cacher une part de sauvagerie sous leur éclat. Derrière les chiffres impressionnants et les performances spectaculaires, se glissent des réalités plus brutes, brutales, parfois troublantes.
Dans le cas d’Himra et de son concert Sauvagement, la frénésie des records dévoile un monde où l’euphorie collective côtoie l’indiscipline et le chaos. Le nihilisme. Ce succès fulgurant, porté par une jeunesse exaltée, traduit aussi un besoin profond de se libérer des conventions.
Quitte à sombrer dans des excès incontrôlés. Les embouteillages humains, l’ivresse des corps et des esprits.
Et le dépassement des normes témoignent d’un équilibre fragile entre triomphe artistique et dérive sociale.
La sauvagerie se manifeste ici comme une réponse à des frustrations accumulées. Elle n’est pas que désordre, mais également un cri de révolte contre un système perçu comme rigide ou oppressant. Himra, en célébrant cette insoumission, reflète les aspirations et les déchirements d’une génération en quête de sens et de liberté.
Himra assume, se plait à chanter le cali, le chanvre. Et cela plait à toute la jeunesse. Y compris à ceux qui ne s’y sont pas essayés.
Ces records, bien qu’honorables, posent une question cruciale. Jusqu’où peut-on aller pour briser les codes et marquer l’histoire ? Le chemin du chanteur invite les jeunes à présenter leur sexe dans des vidéo. C’est une performance. Lorsque la quête de reconnaissance engendre des débordements, elle interpelle sur la responsabilité des icônes. Et la gestion des passions collectives. Ainsi, les records peuvent être des triomphes, mais aussi des révélateurs d’une sauvagerie latente, où se mêlent grandeur et turbulence. Chaos. Doit on vivre mai 68 en 2024? Pourquoi pas. Pour quoi?
ALEX KIPRE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE