Stanislas Zézé, Directeur Général de Bloomfield, a livré une analyse percutante de l’économie locale.
Il a mis en lumière ses fragilités. Selon lui, le libéralisme économique, bien qu’essentiel, ne doit en aucun cas sacrifier la souveraineté économique des citoyens. Pour Zézé, « Le libéralisme n’enlève pas la citoyenneté. On ne développe pas un pays avec des investissements étrangers seuls. Ces derniers ne doivent être qu’un complément stratégique. »
Dans tous les pays qui se respectent et visent une stabilité économique durable, les investisseurs locaux occupent une position dominante. Zézé insiste sur l’idée que la prospérité nationale repose avant tout sur des investissements domestiques solides et bien structurés. « Les locaux doivent dominer l’économie. C’est ainsi que l’on configure un système économique équilibré, tout en restant dans une logique libérale. »
Prenant l’exemple des États-Unis, Zézé souligne que les entreprises américaines contrôlent largement leur économie. Ce qui n’enlève rien à leur libéralisme. « Ces Américains qui dominent leur propre économie sont-ils pour autant moins libéraux ? Absolument pas », précise-t-il. La véritable question, selon lui, est de savoir comment, dans une optique de libéralisme, les dirigeants peuvent accompagner leurs entreprises locales pour qu’elles deviennent compétitives et prospères.
Un pays qui repose excessivement sur des investissements étrangers risque de compromettre sa stabilité.
« Construire une économie sur une logique majoritairement étrangère, c’est la fragiliser sur le moyen et le long terme », avertit-il. Cette dépendance excessive pourrait laisser le pays à la merci de fluctuations économiques internationales qu’il ne peut pas contrôler.
Stanislas Zézé déplore qu’actuellement, dans de nombreux pays africains, les acteurs locaux ne contrôlent qu’une infime partie de leur économie. « Vous êtes dans un pays où les locaux ne contrôlent que 5% de l’économie. Cette situation est inquiétante. »
Pire encore, 95% du tissu économique est constitué de petites et moyennes entreprises (PME) locales. Lesquelles ne produisent que 20% de la richesse nationale. En revanche, les multinationales étrangères, bien qu’elles ne représentent que 5% du paysage économique, contrôlent 80% des richesses générées.
Cette configuration, où une infime partie de l’économie domine la majorité des ressources, crée une économie qui, bien que performante sur le court terme, reste dangereusement fragile. « Une telle dépendance est une bombe à retardement. Pour renforcer l’économie, il est impératif de rééquilibrer la balance en faveur des locaux. »
Zézé appelle donc à un réveil économique et à une stratégie nationale audacieuse pour favoriser l’essor des entreprises locales. Cela passe par des politiques publiques ciblées, un accompagnement technique et financier des PME. De même qu’un cadre incitatif pour encourager l’entrepreneuriat domestique.
Il conclut en rappelant que la souveraineté économique n’est pas seulement un idéal. Mais une nécessité pour construire une nation forte, stable et résiliente face aux défis mondiaux
JM AHOUSSY
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE