Après la rébellion du 19 septembre 2002, qui éclate sur fond de revendications identitaires, les partis politiques ivoiriens ont affiché une opposition.
Celle-ci qui n’était que de façade. En réalité, depuis la loi de 2004 sur le financement des partis politiques, les partis majeurs se sont entendus pour s’enrichir sur le dos des Ivoiriens. Ce sont le Rassemblement des Républicains (RDR) d’Alassane Ouattara, le Front Populaire Ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, et le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ère Henri Konan Bédié, pourtant le plus ancien.
Aujourd’hui, leurs héritiers, tels que Thiam, Blé Goudé, Jean-Louis Billon et Guillaume Soro, suivent la même voie. Seul Affi N’Guessan, maladroit, semble être mis à l’écart.
En effet, tous les partis politiques, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition, sont d’accord pour porter le budget alloué à leurs activités à un millième des recettes fiscales. De ce fait, l’augmentation des impôts sur la population et les entrepreneurs est un sujet sur lequel ils trouvent facilement un consensus.
Depuis 1999, aucun député ni aucun homme politique n’a levé le petit doigt pour réclamer une réduction des impôts. Le socialiste Laurent Gbagbo, ami du peuple, reste silencieux à ce sujet. Vivant dans le cercle de ses propres intérêts.
La collusion la plus grave, toutefois, réside dans le fait qu’aucun des partis politiques, n’a produit de rapport ni publié d’états financiers. Comme l’exige l’article 15 de la loi qui organise le financement public des partis. qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition.
Depuis 2004, sous Laurent Gbagbo, jusqu’à aujourd’hui sous Ouattara, aucun parti n’a jugé nécessaire de rendre des comptes.
A ses propres militants, sur l’utilisation de ces fonds, bien que l’institution du financement soit constitutionnelle. Pourtant, les sommes en jeu sont considérables et peuvent atteindre jusqu’à 4 milliards de francs CFA par an. Les institutions de contrôle dédiées à ce suivi, telles que la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance que dirige par Zoro Bi Ballo. Ou la Cour des comptes, qui a publié d’excellents rapports ces dernières années, semblent ignorantes de leurs obligations. Curieusement. En matière de vérification des comptes financiers des partis politiques ivoiriens.
En vingt ans de « mangécratie » partagée, ce sont au moins 80 milliards de francs CFA qui ont été distribués entre amis et alliés. Dans ce jeu, Alassane Ouattara s’avère être un gestionnaire habile. Car tout le monde semble satisfait, y compris ses opposants, qui se concentrent sur des sujets qui ne dérangent pas le gestionnaire.
Ils se contentent de questions secondaires, car Ouattara a bien maîtrisé la comptabilité de cette cagnotte commune.
Et il ne faut pas espérer que les nouveaux arrivants changeront la donne. Tidjane Thiam, bien qu’il soit un auditeur compétent, n’a pas eu l’initiative d’auditer le PDCI dès sa prise de fonction.
Gbagbo, quant à lui, est trop heureux dans son nouveau ménage politique pour soulever des sujets délicats. D’autant plus qu’Alassane Ouattara est réputé pour être régulier en matière de virements bancaires.
Quant au peuple ivoirien, peut-il compter sur Blé Goudé ? Bien sûr que non. Il est bien trop occupé à chercher à s’imposer sur la scène politique. La société civile, elle, se cherche encore. Dans cette atmosphère de jeux d’ombres, peut-être qu’Assalé Tiémoko aurait pu faire une différence. Mais attendons et voyons.
Tama César.
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE