Koko Ateba. Elle chantait, envoûtante et vraie comme peu d’artistes savent l’être, un refrain qui résonne désormais dans l’éternité.
« Si t’es si mal dans ta peau, viens dans la mienne, toi que je trouve si beau, je crois que je t’aime. » Ces paroles, extraites de la chanson « Si t’es mal dans ta peau », portaient en elles une douceur mélancolique. Un appel sincère, comme une main tendue vers l’autre dans la tourmente.
Avec des vers qui se gravaient dans l’âme : « Je me rappelle pas ce disque rayé que j’écoutais chez toi et puis j’ai du oublier. Ta vie ressemble à la mienne, faite d’incertitude et de haine. Faite surtout de solitude et d’aventures. Je t’attends ici, il faudra bientôt partir. ,Oh I need someone to save me who I feel you can’t feel it. L’autre longue rive qui descend et pas la moindre chanson. Ma douleur est-ce que tu la comprends. Je t’attends «
Aujourd’hui, cette voix, qui a su capturer nos rêves et nos douleurs, s’est éteinte pour toujours. Koko Ateba, l’autrice et interprète de cette belle chanson, a quitté ce monde depuis l’hôpital Foch de Paris. C’est ce matin du 13 décembre 2024, après une courte maladie. La Camerounaise, artiste, musicienne, et guitariste, s’est tue à jamais. Laissant derrière elle un vide profond dans le cœur de ceux qui ont partagé son art.
Les Ivoiriens se souviennent encore de sa silhouette gracile dans le studio JBZ de Cocody. Avant qu’elle ne parte pour Paris, poursuivant ses rêves. Koko Ateba n’était pas seulement une artiste, elle était une voix unique. Elle a su marier la mélancolie et la beauté dans chaque note. Elle avait le pouvoir de transporter son public dans un univers intime, où la musique devenait un langage universel.
Née à Douala, son enfance fut bercée par les mélodies des grands noms tels qu’Henri Njoh et Elvis Kemayo.
Puis Manu Dibango qui devinrent ses premiers mentors. C’est sur la scène du légendaire club de Yaoundé, Le Philanthrope, qu’elle fait ses premiers pas. Avant de rencontrer des figures déterminantes comme l’ingénieur du son Ambroise Voundi et le musicien Sade Gide.
En 1982, sa voix envoûtante fait sa première grande apparition dans la bande originale du film « L’amour des femmes » de Michel Soutter. Ce fut le début d’une carrière prometteuse, propulsée en 1984 par l’album « Talk Talk ». Y figuraient des titres tels que « Yomeyel Ayop ». Et surtout « Nelson Mandela », et « Taxi » qui marquèrent les esprits. Son style, intime et épuré, avec des arrangements piano/voix et sax/voix et guitare, créait une atmosphère magique. Un voyage sonore hors du temps.
Mais la route de Koko Ateba ne fut pas sans obstacles. En 1988, à la présidence de la République, elle interprète « Atemengue », une chanson touchant à des thèmes sensibles comme la fertilité et les enfants enlevés. Elle se retrouve au cœur d’une controverse politique qui la mènera en prison pendant deux mois. Ce douloureux épisode l’amène à quitter son pays pour s’exiler d’abord au Gabon, puis à Paris, où elle renoue avec le succès.
En 1990, un coup du destin, lorsqu’elle est sollicitée par Christine Bravo pour le générique de l’émission « Frou Frou » sur France 2. Cette collaboration marque le début d’une nouvelle ère pour elle, et, en 1993, l’album « Koko Ateba » voit le jour. avec des chansons qui continuent de toucher le cœur des mélomanes.
Koko Ateba, par sa voix profonde et émotive, son engagement artistique et sa force intérieure, restera dans nos mémoires. Comme une étoile rare et précieuse. Que son âme repose en paix, et que ses mélodies continuent de vibrer dans le vent, là où les frontières de l’art n’existent plus.
AK
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE