Le 27 novembre, nous rendons hommage à Ahmadou Kourouma, un des plus grands écrivains africains du XXe siècle, qui aurait eu 97 ans s’il n’était pas décédé en décembre 2003
. Né à Boundiali (ou Togobala) en 1927, dans le nord de la Côte d’Ivoire, Kourouma a marqué la littérature francophone par son style unique et son engagement politique.
Après avoir été enrôlé de force dans l’armée française et envoyé en Indochine entre 1950 et 1954, Kourouma rentre en Côte d’Ivoire.
Il devient un témoin critique de la réalité post-indépendance. Loin de se conformer à la dictature d’Houphouët-Boigny, il choisit l’exil, tout en poursuivant ses études en France. Dans les années 1960, il écrit ses premiers romans, dont Les Soleils des indépendances (1970).
Le roman paru d’abord en 1969.
Une satire acerbe du néocolonialisme et des dérives des régimes post-indépendance en Afrique. Ce livre l’impose comme une figure majeure de la littérature africaine.
Sa manière d’écrire, influencée par son appartenance à l’ethnie Malinké, se distingue. Elle se distingue par l’intégration de mots et expressions dans sa langue maternelle. Une approche qu’il appelle la « malinkisation » de son œuvre.
Ce style linguistique, qu’il a en partie emprunté à l’écrivain français Louis-Ferdinand Céline, a contribué à révolutionner l’écriture en français en Afrique.
Kourouma a aussi exploré les réalités sociales et politiques de l’Afrique à travers ses autres romans. Ce sont Monnè, Outrages et Défis (1990), En attendant le vote des bêtes sauvages (1998). Et Allah n’est pas obligé (2000), qui lui a valu le prix Renaudot, le prix Goncourt de Lycéens…
Tout au long de sa vie, Ahmadou Kourouma a connu plusieurs exils : en Algérie, au Cameroun, au Togo. Avant de s’établir à Lyon, où il est décédé en 2003. Ses œuvres continuent d’inspirer des générations de lecteurs et d’écrivains. Il reste un symbole de la lutte pour la liberté, la justice, et l’indépendance de l’esprit.
HARON LESLIE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE
