La campagne électorale pour les législatives anticipées au Sénégal connait des violences.
La situation s’est dégradée après qu’Ousmane Sonko, tête de liste du Pastef, ait organisé un meeting improvisé dans la capitale. Ce rassemblement s’est tenu à quelques dizaines de mètres du domicile de Barthélémy Dias. L’actuel maire de Dakar et tête de liste de la coalition d’opposition Samm Sa Kaddu.
Le climat s’est encore durci après les appels à la riposte lancés par Ousmane Sonko. Suite aux agressions de certains de ses militants à Saint-Louis, dans le nord du pays. Selon lui, ces violences étaient imputables à la coalition de Barthélémy Dias. Et il a promis de « venger » chaque acte de violence subi par ses partisans. Il a ainsi relancé le concept du « gatsa gatsa », une expression wolof désignant la loi du talion, pour justifier des représailles. De son côté, la coalition de Dias a dénoncé cet appel à la violence, accusant Sonko d’inciter au meurtre.
Le ministère de l’Intérieur a annoncé l’arrestation de 81 personnes, dont 77 étaient membres de la sécurité de la coalition Samm Sa Kaddu. Cette annonce a poussé Ousmane Sonko à appeler publiquement au calme et à l’apaisement. Demandant à ses militants de rester vigilants mais de ne pas engager de nouvelles violences. Cette situation met en lumière la tension croissante autour de ces élections législatives, cruciales pour l’avenir politique du pays.
Les premières violences avaient éclaté dès le début de la campagne, avec des incidents notables en octobre, marquant un climat de défiance mutuelle entre les différents camps. Les tensions ont été particulièrement palpables entre le camp de Barthélémy Dias et celui du président sortant Macky Sall.
L’opposition s’inquiète de la possible reconduction d’une majorité présidentielle trop stable.
Capable d’empêcher toute réforme en limitant l’opposition à l’Assemblée nationale.
Pour l’opposition, ces élections législatives revêtent un enjeu majeur. Eviter un nouveau « raz-de-marée » de Pastef comme lors de la présidentielle de mars dernier, où Ousmane Sonko avait été largement soutenu.
Ainsi, des coalitions comme Samm Sa Kaddu et Jam ak Njariñ (« Paix et prospérité »), que mène Amadou Ba, ex-premier ministre de Macky Sall, cherchent à s’imposer. En obtenant des sièges pour contrer l’influence de Sonko à l’Assemblée nationale.
Dans le même temps, la coalition Takku Wallu Sénégal, ancienne alliée de Sall, peine à se structurer face à l’absence de son leader, parti en exil au Maroc après avoir quitté la résidence en avril. L’absence de Macky Sall complique la tâche des membres de sa coalition, qui tentent de se réorganiser pour peser sur le résultat des législatives. La situation politique a donc été marquée par des divisions internes et des tensions au sein de la majorité sortante.
De nombreux ralliements à Pastef, notamment celui d’anciens membres du régime de Macky Sall.
Des figures politiques comme Adji Mergane Kanouté et Gallo Ba ont rejoint les rangs du Pastef.
Ce qui a relancé les débats sur les pratiques de « transhumance politique ».
Bien que Pastef ait initialement rejeté ces pratiques, il a fini par accepter les ralliements.
Considérant leur utilité stratégique pour obtenir une majorité à l’Assemblée nationale.
Ousmane Sonko, en cas de victoire, a d’ores et déjà annoncé plusieurs réformes importantes, dont l’abrogation de la loi d’amnistie qui couvre les violences politiques récentes. Il a également promis de créer une haute cour de justice pour juger les affaires de corruption présumée impliquant l’ancien régime de Macky Sall. Ces engagements montrent la détermination de Sonko à modifier en profondeur le système politique et judiciaire du pays. Un projet qui pourrait bouleverser l’équilibre des pouvoirs.
Au final, la campagne électorale s’achève sur un climat de méfiance, de tensions et de violences. Mais aussi d’espoirs pour les uns et de craintes pour les autres. Les électeurs sénégalais, qui seront près de 7 millions à se rendre aux urnes ont à trancher entre ces différentes visions de l’avenir du pays. Les résultats des élections législatives sont cruciaux pour déterminer la direction politique que prendra le Sénégal dans les années à venir.
ETHAN GNOGBO
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE