Volkswagen envisage de fermer trois usines, de réduire les salaires et de licencier des dizaines de milliers d’employés, selon IG Metall.
Depuis septembre, la situation de Volkswagen et du marché automobile se dégrade encore plus. Malgré des profits record en 2023, la correction est brutale pour le constructeur.
Le 7 octobre, l’institut Destatis a annoncé une baisse de 4,7 % du chiffre d’affaires du secteur automobile pour le premier semestre 2024. Volkswagen, comme ses concurrents allemands, souffre de difficultés en Chine. Ce pays est devenu la plateforme de production et le principal marché pour Volkswagen, représentant un tiers de ses ventes.
Cependant, la concurrence des constructeurs chinois se renforce, ce qui entraîne une perte de parts de marché pour VW. En 2023, les parts de marché de Volkswagen en Chine étaient de 14 %, contre 18 % en 2018. La situation s’est aggravée avec l’expulsion de Jochen Sengpiehl, patron de VW en Chine, contrôlé positif au cannabis et à la cocaïne.
Pour la première fois, Volkswagen envisage de fermer une usine en Chine, celle de Nanjin, près de Shanghaï. Cette usine fabrique des modèles thermiques comme la Passat et des véhicules de la marque Skoda. De plus, les droits de douane imposés par Bruxelles sur les véhicules chinois compliquent la situation.
Dans le secteur électrique, Volkswagen accuse des retards importants sur les marchés occidentaux.
Ses voitures électriques, jugées trop chères, se vendent mal. Selon UBS, Volkswagen est le constructeur européen le plus exposé à des pénalités financières en 2025 pour non-respect des plafonds d’émission de CO2.
Les amendes pourraient atteindre 6 milliards d’euros. En parallèle, les revenus des moteurs à combustion sont insuffisants pour financer la transition vers l’électrique. Les premiers modèles électriques abordables de Volkswagen n’arriveront pas avant 2026 et seront produits en Espagne.
Le « made in Germany » devient un handicap pour Volkswagen. Les coûts de production dans les dix usines nationales sont de 25 % à 50 % supérieurs à ceux de la direction. Certains sites sont deux fois plus chers que la concurrence, ce qui alerte la direction.
Thomas Schäfer, le directeur de la marque, a résumé la situation en affirmant que l’entreprise gagne trop peu d’argent. Quatre-vingts ans après la guerre, Volkswagen et ses 120 000 employés en Allemagne restent attachés à un modèle paternaliste.
Ce modèle est considéré comme anachronique aujourd’hui.
Ferdinand Dudenhöffer, directeur du Centre de recherche automobile, critique l’incapacité d’adaptation de Volkswagen. L’État de Basse-Saxe, actionnaire, pourrait s’opposer aux fermetures d’usines jugées peu performantes. À Wolfsburg, aucun modèle électrique ne sort des lignes de production.
Le gouvernement fédéral surveille également la situation, car il a un levier politique sur le patron Oliver Blum. Il réfléchit à un plan d’aide pour le secteur tout en maintenant la paix sociale. Wolfgang Büchner, porte-parole du gouvernement, a rappelé que les employés ne devraient pas subir les conséquences des erreurs passées de la direction.
Ce discours fait écho au scandale des moteurs diesel trafiqués, qui a terni l’image de Volkswagen. Daniela Cavallo, présidente du Comité d’entreprise, a dénoncé la situation actuelle. Bien que le syndicat IG Metall ait des divergences sur les solutions, il reconnaît que Volkswagen est en crise
JM AHOUSSY
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE