Daisyz Watozo. Celui a ouvert la voie du succès à Gohou Michel s’en est allé. Tirant sa révérence en ce mardi 24 octobre 2024.
Laissant derrière lui une empreinte indélébile dans le cœur de ceux qui l’ont connu. Né en 1952, avant les indépendances, il est le fils de Sapia, à Daloa, où sa mère, Kipré Baboda, lui a transmis les richesses d’une terre nourricière. Son père, Nahounou de zépréguhé, l’a ancré dans les traditions et les valeurs de leur héritage.
Dans cette enfance baignée de lumière, le petit Nahounou Mathurin rêvait déjà de l’ailleurs. Au début des années 1970, l’Europe lui faisait des appels de phare. Paris l’attendait, une ville où le noir n’était pas encore une couleur bannie.
« Non, je ne je je n’avais pas besoin de visa à l’époque, » racontait-il, le visage illuminé par le doux souvenir de cette époque révolue. La phrase freinée par son bégaiement habituel. Le froid de la capitale française ne l’a pas freiné. Au contraire, il s’est vite acclimaté, déterminé à y faire sa place. Il se laisse appeler d’abord Gilles Pontoise. Puis retour en sources oblige, Daisyz Watozo (ce qui ne restera pas à la queue, qui ira de l’avant).
Inscrit à des cours de cinéma, il devient rapidement un espoir pour l’Afrique, repéré par le célèbre Michel Galabru. Ce dernier acteur et également metteur en scène et directeur du théâtre Montmartre-Galabru ainsi que du théâtre de Dix Heures.
De Daizys qui est passé entre ses mains, le Français dira grand bien.
Metteur en scène talentueux, il représente fièrement la Côte d’Ivoire au festival d’Avignon, soutenu par la bienveillance de la présidence Bédié.
Les années passent et, fidèle à ses racines, il sort un album touchant, « Orphe Africa ».
Un hommage vibrant à ceux qui l’ont façonné.
La musique, alors, devient son autre scène. Secrétaire général des artistes ivoiriens résidant en France, il produit Bény Bezy, un artiste en plein essor. Tout en continuant de semer des graines de talent. Son altruisme trouve son apogée dans la réalisation de « Salut l’artiste », un court-métrage. Lequel éclaire les visages prometteurs de Gohou Michel, Fargas Assandé, Suzanne Kouamé, Alexis Bouazo et bien d’autres. C’est grâce à Watozo que Michel Gohou obtiendra son tout 1er prix de meilleur acteur.
Ce film, récompensé au Fica, est le reflet de sa passion pour la découverte et la mise en lumière de nouvelles voix.
Après plus de 30 années passées à Paris et à Courbevoie, Daizys s’en est allé, laissant derrière lui trois fils : Isaac, Yohan et Jean Philippe.
Sa vie, riche et colorée, résonne comme un chant d’espoir pour ceux qui l’ont côtoyé. Les souvenirs qu’il a tissés, les rêves qu’il a nourris, demeurent vivants dans les cœurs.
Aujourd’hui, nous pleurons la perte d’un homme dont le parcours artistique et surtout humain est indiscutable . Daizys Watozo s’éteint, mais sa lumière perdurera dans la mémoire de ceux qui ont eu le privilège de le connaître.
ALEX KIPRE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE