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Assalé Tiémoko Antoine : Un cri d’alerte pour les enseignants du secteur privé

Assalé Tiémoko

Député et maire de la commune de Tiassalé en Côte d’Ivoire, indépendant de tout parti politique, ce journaliste d’investigation s’est longtemps positionné comme le défenseur des causes nobles. N’hésitant pas à dénoncer les conditions de vie difficiles des populations, Assalé Tiémoko s’exprime aujourd’hui sur la situation des enseignants de son pays, engagés dans une lutte pour l’obtention de primes.

Un parcours marqué par la précarité

De 2004 à 2007, étranglé par le chômage et la misère, Assalé Tiémoko Antoine a donné des cours dans des établissements secondaires privés. À l’époque, son traitement horaire atteignait la somme dérisoire de 1200 FCFA, soit 2400 FCFA pour deux heures de cours dans des classes de terminales de 65 élèves. Malgré un labeur épuisant, il recevait à la fin du mois un montant de 67 000 FCFA.

La double vie d’un enseignant

Pour joindre les deux bouts, Assalé nous cite qu’il proposait également des cours du soir à Niangon Nord (Yopougon), dits « cours Unesco », où le paiement était encore plus bas : 600 FCFA de l’heure, soit environ 27 000 FCFA mensuels. Cette situation humiliante a pris fin lorsqu’il a été conduit à la Maca (Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan) pour 12 mois de prison requis par le procureur de la République.

Un engagement bénévole

Aujourd’hui, Assalé enseigne bénévolement les enfants de sa commune, car l’éducation de la jeunesse, qui façonnera le pays de demain, est une cause qui lui tient à cœur. Dix-sept ans plus tard, il constate avec amertume que les enseignants des écoles privées, où l’État scolarise près de 70 % des élèves, vivent toujours dans une misère émergente, souffrant d’une maltraitance dont aucun officiel au sommet de l’État ne parle jamais.

Une réalité alarmante

Assalé souligne que, bien que des primes pour les enseignants soient une avancée nécessaire qu’il soutient totalement, il existe d’autres enseignants qui n’ont même pas de salaire, devenant de véritables esclaves aux mains de fondateurs d’écoles qui se défaussent sur l’État. Un État qui, toujours selon ses propos, est un piètre payeur et opère dans un environnement d’enseignement privé marqué par une corruption endémique.

Les États Généraux de l’éducation : Un échec

Pour le député ivoirien et ancien enseignant, les États généraux de l’éducation, avec leurs discours enflammés et leurs promesses, n’ont pas pris en compte la réalité des enseignants du secteur privé.

Comme si quelques réformes cosmétiques pouvaient suffire à bâtir un système éducatif performant sans traiter sérieusement la question des salaires des enseignants des établissements privés du secondaire et du supérieur.

Un appel à l’action

Assalé Tiémoko Antoine appelle l’État à fixer des règles claires, définissant les conditions pour l’ouverture d’écoles privées, afin d’éviter cet esclavage. Pour lui, il est également temps que l’État fasse du paiement de sa dette vis-à-vis des établissements secondaires et supérieurs privés une priorité.

Assalé Tiémoko Antoine, député de la nation et président de l’ADCI, continue de se battre pour une éducation juste et équitable pour tous les enseignants, mettant en lumière les injustices et appelant à des réformes profondes et nécessaires.

MARIE GNIALET

photo:dr

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