Portrait. Han Kang prix Nobel de littérature 2024

2 semaines

La barbarie a marqué son existence dès son enfance. Née à Gwangju en 1970, elle a vécu des événements tragiques liés à son pays.

À l’âge de 9 ans, sa famille déménage à Séoul, juste avant le soulèvement de Gwangju en mai 1980, un épisode tragique qui a profondément impacté la société coréenne. Cette proximité avec l’histoire a façonné son écriture et sa vision du monde.

L’œuvre de Han Kang, tout en étant ancrée dans des expériences personnelles et collectives, résonne avec l’universel. Son prix Nobel souligne l’importance de sa voix dans la littérature contemporaine. Et son exploration de la douleur humaine continue d’interroger et de captiver les lecteurs du monde entier. En la célébrant, l’Académie suédoise honore non seulement une grande écrivaine, mais aussi une narratrice de la condition humaine, marquée par la souffrance, la résistance et l’espoir.

Han Kang a reçu le prix Nobel de littérature, une reconnaissance attendue mais bien méritée.

Son œuvre, marquée par des thèmes de souffrance et d’humanité, trouve une résonance particulière dans son dernier livre, Impossibles adieux. À travers ce roman, Han Kang explore les complexités de l’âme humaine, tout en tissant des liens avec sa propre vie.

Au sein des écrivains coréens, de nombreux noms figuraient parmi les favoris pour ce prix. Hwang Sok-yong, avec son magnifique Vieux Jardin, ou encore le poète Ko Un, souvent cité comme potentiel lauréat. Pourtant, l’Académie suédoise a choisi de récompenser une femme, Han Kang, qui, à 53 ans, devient la première lauréate sud-coréenne du Nobel de littérature. Cette décision met en lumière une œuvre d’une puissance inédite, caractérisée par une « double exposition de la douleur », mêlant tourments mentaux et physiques, ancrés dans une pensée orientale profonde.

Ses livres, souvent poétiques et fantastiques, dissimulent une analyse implacable de la cruauté humaine. Les thèmes de tourment et de violence sont omniprésents.

Han Kang a partagé avec nous sa curiosité envers la nature humaine, nourrie par des expériences douloureuses. « J’ai toujours été curieuse de la nature humaine depuis que je suis enfant. C’est comme lorsque vous avez une blessure que vous ne pouvez pas vous empêcher de toucher. »

Han Kang a percé au niveau international avec son roman La Végétarienne (2007).

Écrit en trois parties, le livre dépeint les conséquences violentes du refus de sa protagoniste Yeong-hye de manger de la viande, entrainant son rejet brutal par son entourage.

L’autrice raconte dans ce roman comment Yeong-hye sera exploitée « érotiquement » par son beau-frère. Un artiste vidéo, qui développe une obsession pour son « corps passif », relève l’Académie.

Le lecteur suit ensuite l’enfoncement progressif du personnage principal dans une psychose qui la mènera vers l’internement psychiatrique.

« Il y a une continuité dans les thèmes abordés qui est tout à fait remarquable, mais en même temps une énorme variation stylistique qui fait de chaque livre un nouvel aspect ou une nouvelle expression de ces thèmes centraux », a analysé Anna-Karina Palm, membre de l’Académie.

C’est aussi une femme engagée.

Han Kang figurait sur une « liste noire » de près de 10 000 personnalités du monde de la culture en Corée du Sud accusées d’avoir critiqué la présidente Park Geun-hye, au pouvoir entre 2013 et 2017.

Plusieurs proches du pouvoir ont été accusés d’avoir voulu priver ces artistes de toute aide publique et de tout financement privé, ainsi que de les avoir placés sous surveillance.

Nombre de ses romans ont été traduits en français, comme Pars, le vent se lève (2014), Celui qui revient (2016), Leçons de grec (2017) ou encore Impossibles adieux (2023).

Elle a obtenu le prix Médicis du roman étranger pour ce dernier titre en novembre 2023. Un roman de nouveau primé en février, du prix Guimet de littérature asiatique.

Paru en août 2023 aux éditions Grasset, Impossibles adieux traite d’un sujet difficile. Le massacre en 1948-1949 de 30 000 personnes sur l’île de Jeju, dans le sud de la Corée du Sud.

La présidente du jury, la journaliste Laure Adler, a choisi. « En raison de la sobriété et de l’efficacité de son écriture, de sa modernité et de l’universalité de la thématique de son sujet ».

Han Kang est la première Sud-Coréenne à remporter le Prix Nobel de littérature.

Man Booker Prize, l’un des principaux prix littéraires pour les écrivains de langue anglaise en 2016

HARON LESLIE

photo:dr

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