Prisons : elles continuent de s’engorger

7 heures

La Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) en Côte d’Ivoire a soulevé un sujet crucial : 51,27 % des personnes détenues sur le territoire attendent leur jugement.

En tenant compte des délais légaux de détention préventive, qui varient de six à huit mois selon la nature de l’affaire, la CNDH estime que 12 056 détenus sont concernés. Sur un total de 23 515 répartis dans les 35 établissements pénitentiaires du pays. Cette annonce met en lumière les failles du système judiciaire et a suscité une réaction du ministère de la Justice. Lequel a contesté ces chiffres.

En effet, Célestin Doheuly Kamin, Directeur de l’Administration Pénitentiaire, a affirmé que le taux de détenus en attente de jugement est inférieur à 36 % de la population carcérale. Cette dernière s’élève elle, à 27 236 personnes. Avec un taux exact de 35,96 % à la date du 13 juin. Maître Dagnogo Makaya, Directrice des requêtes et investigations à la CNDH, a confirmé les chiffres et souligné que cette situation constitue une atteinte à la présomption d’innocence.

Un principe fondamental d’une justice équitable.

Depuis, la controverse enfle. Il convient de saluer la CNDH pour avoir mis en lumière cette réalité préoccupante pour de nombreux détenus et leurs familles. La question majeure qui se pose est de savoir si la Côte d’Ivoire dispose d’un plan d’action efficace dans ce domaine. Surtout alors que le recours à la détention préventive devient de plus en plus courant et que les occasions d’y recourir se multiplient.

Les juridictions se spécialisent progressivement, avec la création de nouveaux tribunaux dans des communes comme Yopougon, Abobo et Bingerville. Lesquelles peuvent être qualifiées de proximité. Le pôle pénal économique et financier a acquis son autonomie et semble désormais fonctionner à plein régime. Épiphane Zoro dirige la Haute Autorité de la Bonne Gouvernance (HABG).

Les troubles sociaux et politiques ainsi que l’agitation de certains acteurs politiques représentent également des opportunités inquiétantes. Si les détentions préventives se prolongent, il est à craindre que les prisons continuent de s’engorger. Au-delà de la réponse ministérielle au communiqué de la CNDH, un plan carcéral global est nécessaire pour juguler cette situation.

TAMA CESAR

photo: dr

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