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Aes : 1 an déjà et 1 passeport biométrique pour une rédemption politique

L’annonce récente de la création d’un nouveau passeport biométrique par le Mali, le Burkina Faso et le Niger marque un tournant décisif.

Décisif dans la quête de souveraineté et d’unité régionale de ces nations sahéliennes. Sous l’impulsion du colonel Assimi Goïta, cette initiative s’inscrit dans un projet plus vaste. Celui de l’harmonisation des titres de voyage au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES. Regroupant ces trois pays aujourd’hui gouvernés par des juntes militaires.

Ce geste, à la fois symbolique et pragmatique, témoigne de la volonté farouche de ces États de bâtir une identité commune. Après avoir pris leurs distances avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Et plus largement, avec la France, ancienne puissance coloniale.

L’heure est à la redéfinition des alliances et à la réaffirmation d’une indépendance durement acquise. Dans un contexte géopolitique où la fragilité de la souveraineté ne cesse d’être mise à l’épreuve.

Le colonel Goïta, lors d’une allocution télévisée, a dévoilé les ambitions sous-tendant cette initiative.

« Dans les jours qui viennent, un nouveau passeport biométrique de l’Alliance des États du Sahel sera mis en circulation », a-t-il déclaré.

Ce passeport, loin d’être un simple document administratif, incarne la vision d’une unité transcendant les frontières nationales. Dans un espace sahélien qui aspire à une plus grande intégration. « Nous mettrons en place les infrastructures nécessaires pour renforcer la connexion de nos territoires grâce aux transports et aux réseaux de communication ». A ajouté le chef de l’État malien.

Il a souligné ainsi l’importance de tisser un réseau d’interconnexions humaines, économiques et logistiques.

Cette annonce survient à la veille du premier anniversaire de la création de l’Alliance des États du Sahel, née en septembre 2023. Dans la foulée de la rupture avec la France et le rapprochement géostratégique avec la Russie.

En se retirant de la CEDEAO en janvier, ces pays ont marqué leur volonté de rompre avec ce qu’ils perçoivent comme une tutelle étrangère. Et de prendre en main leur propre destin. Malgré les tensions et les répercussions internationales. Avec 72 millions d’âmes désormais unies sous la bannière de cette confédération, présidée par le Mali pour sa première année, l’AES se veut une réponse audacieuse aux défis du présent.

Les coups d’État successifs qui ont balayé les trois nations à partir de 2020 ne sont pas simplement des soubresauts politiques.

Ils sont l’expression profonde d’une volonté de renouveau, face aux crises multiples qui ébranlent cette région. Depuis l’insurrection djihadiste débutée au Mali en 2012, le Sahel est en proie à une instabilité croissante.

Laquelle a débordé sur le Niger et le Burkina Faso en 2015. Ces conflits ont entraîné un cortège de souffrances. Des milliers de vies fauchées et des millions de personnes déracinées, jetées sur les routes de l’exil intérieur.

Le chemin vers la stabilité est long et périlleux. Mais à travers des initiatives telles que ce passeport biométrique et la consolidation de leur alliance, le Mali, le Niger et le Burkina Faso cherchent à bâtir un avenir. Leurs populations pourront enfin s’y mouvoir librement, au sein d’un espace sahélien plus sûr et plus solidaire.

Le projet, ambitieux et porteur d’espoir, incarne la résilience de peuples en quête d’une rédemption politique et d’une renaissance collective.

JULIEN BOUABRE

photo: dr

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