Côte d’Ivoire: Woubi, ce que dit la loi

2 semaines

La question de l’orientation sexuelle en Côte d’Ivoire est récemment devenue un sujet de débat intense. Surtout en ligne, où le « Phénomène Woubi » a attiré l’attention.

Ce terme désigne la visibilité croissante des personnes LGBT+ dans le pays, provoquant des discussions sur les droits de ces communautés et la législation en vigueur. Face à ces débats, le Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme a clarifié la position du Code pénal ivoirien concernant l’orientation sexuelle. En particulier en ce qui concerne l’article 367.

Clarifications du ministère de la justice

Le Service communication du Ministère de la Justice a tenu à rappeler, par une note officielle publiée le 30 août 2024, que « aucune disposition du Code pénal ivoirien ne fait état de l’orientation sexuelle ». Cette précision intervient alors que le débat public s’intensifie autour de ce sujet, particulièrement à la suite des récents ajustements législatifs.

L’article 367 du Code pénal, qui a suscité des interrogations, est principalement concerné par des infractions liées à l’expression outrageante via des systèmes d’information, sans aucune mention spécifique de l’orientation sexuelle. Le texte stipule que toute personne qui « profère ou émet toute expression outrageante, tout terme de mépris ou toute invective qui ne renferme l’implication d’aucun fait par le biais d’un système d’information » est passible d’une peine d’emprisonnement de un à cinq ans et d’une amende allant de 5 000 000 à 100 000 000 de francs.

Révision du code pénal : ce qui a changé

Des modifications récentes du Code pénal ont alimenté les débats. Notamment, en 2021 et en 2024, des ajustements ont été apportés, mais on n’a pas modifié l’article 367. En 2024, les changements se sont concentrés sur l’article 413. On l’a revu pour restreindre la répression des actes impudiques et contre-nature. Uniquement lorsqu’ils sont commis sur des mineurs. Désormais, cet article prévoit une peine de deux à cinq ans de prison et une amende de 200 000 à 2 000 000 de francs pour ces infractions.

Ces modifications montrent une volonté de concentrer les efforts juridiques sur la protection des mineurs. Plutôt que de cibler les comportements liés à l’orientation sexuelle des adultes. En conformité avec l’absence de mention explicite dans le Code pénal concernant l’orientation sexuelle.

Un débat en cours

La clarification que le Ministère a apporté vise à dissiper toute confusion et à recentrer le débat sur des bases légales solides. Toutefois, le « Phénomène Woubi » et la visibilité accrue des personnes LGBT+ continuent de poser des questions importantes. D’abord sur la tolérance, les droits humains, et l’évolution sociétale en Côte d’Ivoire. Dans un pays où les valeurs culturelles et les normes sociales sont profondément enracinées, on perçoit l’apparition d’une visibilité plus ouverte des personnes LGBT+ comme une transformation majeure. Tandis que d’autres y voient une rupture avec les traditions établies.

Vers un dialogue informé et constructif

En fournissant ces éclaircissements, le Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme souhaite encourager un débat qui soit informé. Mais aussi respectueux des lois et des valeurs du pays. La législation ivoirienne, telle qu’on l’a actuellement rédigée, ne pénalise pas l’orientation sexuelle. Et les discussions doivent se concentrer sur ce que disent réellement les textes de loi, plutôt que sur des interprétations ou des malentendus.

Pour l’avenir, la Côte d’Ivoire devra peut-être envisager des discussions plus larges. Sur les droits et la reconnaissance des personnes LGBT+ dans la société. Tout en cherchant à maintenir un équilibre avec les valeurs traditionnelles et les réalités sociopolitiques du pays. Ce débat, bien qu’encore en cours, reflète une société en mouvement. Prête à engager des conversations difficiles mais nécessaires sur l’inclusion, le respect, et l’égalité.

 

photo: dr

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