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Abattoir Port-Bouët: urgence de contrôle sanitaire

Abattoir de Port-Bouët : urgence d’un contrôle sanitaire renforcé

L’abattoir de Port-Bouët, une infrastructure clé pour l’approvisionnement en viande en Côte d’Ivoire, est au cœur de préoccupations sanitaires. Créé en 1959 pour une population de 500 000 habitants, cet abattoir couvre aujourd’hui 80 % de la demande locale en protéines animales. Bien au-delà de sa capacité initiale. Sur ses 60 hectares, le commerce de bœufs et de moutons s’est intensifié. Entraînant une pression croissante sur les installations et les travailleurs.

Deux groupes principaux opèrent dans cet espace : les grossistes, qui achètent et entreposent les bêtes. Et les abatteurs, responsables de la transformation des animaux en viande prête à la consommation. Cependant, lorsque l’on évoque l’abattoir de Port-Bouët, la première pensée qui vient à l’esprit est souvent celle d’un manque d’hygiène. Cette réputation est largement justifiée par les conditions actuelles d’abattage. Lesquelles se déroulent souvent en plein air, sur des surfaces non adaptées. Malgré les infrastructures théoriquement disponibles.

En 2019, le gouvernement a pris des mesures pour moderniser cet abattoir. En débloquant la somme colossale de 19,65 milliards de francs CFA. L’objectif était de doter l’abattoir d’une chambre froide, d’une salle d’abattage moderne et d’une zone de repos pour le bétail. Répondant ainsi aux normes sanitaires contemporaines. Pourtant, cinq ans après l’inauguration des nouvelles installations, les pratiques restent inchangées.

Les bêtes continuent d’être abattues à l’extérieur, souvent à même le sol.

Exposant la viande à divers contaminants et compromettant ainsi la sécurité alimentaire. Mais à Babi on vous répondra “ça tue pas africains“. Un défi à la santé et à la mort.

Cette situation soulève des questions cruciales sur l’efficacité des investissements réalisés. Et sur l’urgence d’un contrôle sanitaire renforcé. L’abattage à ciel ouvert, pratiqué dans des conditions précaires, alimente les craintes liées à la santé publique. Les machines modernisées, censées améliorer le processus, restent sous-utilisées. Accentuant les inquiétudes quant à la sécurité des produits carnés issus de cet abattoir.

Par ailleurs, la révision des taxes d’abattage, passées de 3 000 à 22 000 francs CFA par bœuf, pose un autre problème. Cette hausse significative impacte les coûts pour les bouchers. Mais aussi pour les consommateurs finaux, tout en ne garantissant pas une amélioration des conditions sanitaires.

Face à ces défis, il devient impératif de renforcer le contrôle sanitaire à l’abattoir de Port-Bouët.

Il est crucial de garantir que les conditions d’abattage respectent les normes de sécurité alimentaire. Pour protéger la santé des consommateurs. Le gouvernement doit veiller à ce que les infrastructures modernes soient pleinement exploitées. Et à ce que des inspections régulières soient menées pour assurer la conformité des pratiques d’abattage.

L’abattoir de Port-Bouët ne peut plus être un lieu où les préoccupations sanitaires sont négligées. Il en va de la santé publique et de la confiance des Ivoiriens dans la qualité de la viande qu’ils consomment au quotidien.

Le parc à bétail de l’abattoir de Port-Bouët et plusieurs habitations voisines ont été détruits en juin par les autorités du district autonome d’Abidjan. Mais ce déguerpissement qui n’est pas du goût des commerçants de bétails de l’abattoir de Port-Bouët a donné lieu à des affrontements entre les forces de l’ordre et des groupes de jeunes.

MARIE GNIALET

photo: dr

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