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Portrait. Ly Lagazelle, la photographe qui loge les ”cabossés” du bon côté de l’histoire.

“Pourquoi l’enfant d’Abobo, celui de Sipilou, cette fille de Gohitafla n’aurait pas droit au bonheur de vivre son rêve?” S’interroge Ly qui vient de partout. Bénin, Marrakech, Côte d’Ivoire, Autriche…

Au-delà des villes qui s’offrent aux clichés ordinaires, au-delà des visions conformes, Ly La Gazelle, née Lissa Phillis Tabitha, se tient comme une gardienne des âmes invisibles. Protectrice des cabossés sociaux qu’elle loge du bon côté de l’histoire. Son parcours photographique commence par un déclic en décembre 2007. Au Festival des Arts visuels de la Fondation Donwahi à Abidjan, où elle travaille comme hôtesse. Cette proximité soudaine avec le milieu artistique éveille en elle une curiosité insatiable pour la photographie. Curiosité qui ne cesse de grandir, nourrie par un besoin d’aventure et d’inconnu.

L’instinct est son guide, une impulsion aussi vive que le mouvement du déclencheur qui fige une image sur la pellicule. Autodidacte, le hasard des lieux et la providence de belles rencontres a façonné Ly La Gazelle. Comme les dix années passées à Marrakech, où elle travaille pour le “Jardin d’Anima”. C’est là que son talent est découvert par le directeur du lieu, qui la propulse vers la reconnaissance. Il lui propose de couvrir des événements.

Mais ce qui fait vibrer l’âme de La Gazelle, ce qui transcende son regard, c’est le quotidien des gens.

Ces mains qui racontent une vie, balafrées par les tentatives, les insuccès, les injustices. Ses clichés déroutent. Son exposition « Instinctiv » en 2017 à Abidjan en est un témoignage puissant, où les mains des travailleurs deviennent le centre d’un univers visuel, une porte ouverte sur l’âme.

Lagazell tisse des récits. Avec “Cord’âges” elle s’est lancé un défi. Questionner le nu de façon à ce que 12 fois, on ne s’en aperçoive pas de cette monographie. “C’est de l’audace et en art ça paye”. Le défi de défier chaque corde qui serpente dans ses œuvres tels un cordon ombilical, une liane de forêt, une mèche de cheveux. Autant de symboles d’un message profond, d’un appel à briser les chaînes, à s’ouvrir au monde.

Ly La Gazelle n’est pas seulement une photographe, c’est une artiste de malentendus. Entre une population qui a soif et une élite s’abreuve de le regard de fontaines et de piscine.

Ses pièces sont des miroirs de notre humanité. Dès lors et la formule est de Mimi Errol, Ly lagazell est d’une sincérité désarmante”.

Dans un monde où l’art semble réservé à une élite, elle trace son propre chemin, refusant de se laisser enfermer par les codes établis. Elle invite la nouvelle génération à suivre son exemple. A s’engager pleinement dans leur passion, à embrasser leur art avec rigueur et détermination.

Ainsi, Ly La Gazelle s’impose non seulement comme une photographe talentueuse. Mais aussi comme une âme sensible, une artiste engagée qui, par son travail, parvient à rendre visible l’invisible. A vêtir l’inapparent, à transcender la réalité pour nous offrir un aperçu de l’éternité.

AK

photo: dr

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