Le prince souverain de Monaco, membre du Comité international olympique (CIO)est un ex-athlète aux Jeux olympiques d’hiver (1988, 1992, 1994, 1998 et 2002) en bobsleigh. Il loue les valeurs de l’olympisme comme un facteur de paix à une époque de résurgence des conflits armés.
Plus que jamais, l’olympisme est, aujourd’hui, une idée neuve même s’il s’enracine au plus profond de la mémoire de notre commune humanité.
Lorsque le roi d’Élide, Iphitos, créa la première Olympiade en 776 avant notre ère, il voulut créer un moment de paix, une trêve pour suspendre les conflits opposants les cités grecques entre elles.
Les Jeux olympiques permettaient aux ennemis de la veille de traverser en armes les cités hostiles s’ils rejoignaient la compétition. Les Jeux suspendaient la guerre et nulle cité n’aurait dérogé à cette règle dont les dieux, parfois jaloux des exploits des hommes, surveillaient l’application.
Trois millénaires se sont écoulés. Les guerres n’ont pas disparu, les cités s’appellent désormais puissances ou superpuissances et les conflits qui les opposent n’ont rien perdu de l’intensité de ce que fut la lutte fratricide opposant Sparte et Athènes pendant la guerre du Péloponnèse.
L’olympisme, dans ce contexte est plus nécessaire que jamais, plus vital pour réunir physiquement et symboliquement les femmes et les hommes du monde entier dans la quête de médailles forgées dans le métal du dialogue et de la paix. On ne relève pas assez qu’il existe désormais plus de nations participant aux Jeux que de nations représentées à l’ONU.
Il ne s’agit pas de valoriser notre égo.
Depuis toujours, depuis ces hommes de la préhistoire comparant leur capacité à lancer un javelot ou une masse le plus loin possible, la compétition sportive est une catharsis indispensable pour les sociétés humaines. Elle permet de s’affronter autour de règles acceptées par tous et de créer les conditions d’une harmonie universelle
Monaco est une terre d’olympisme. C’est sans doute la plus grande force de cette institution internationale : elle se moque de la taille de ses membres. Elle ne reconnaît que leur engagement à servir ses valeurs. Monaco est une terre olympique et nous sommes fiers, la princesse Charlène et moi, d’avoir participé aux Jeux comme athlètes. Comme je suis fier d’avoir pour grand-père l’immense
champion, John B. Kelly, qui, aux épreuves d’aviron, rapporta trois médailles d’or dans son pays.
Il ne s’agit pas de valoriser notre ego.
Du plus profond de nos convictions personnelles et du sens que je veux donner à l’action politique de la
Principauté, il s’agit de penser au monde que nous voulons transmettre.
Cette réflexion prend en compte non seulement les valeurs de l’olympisme portées par ceux qui
nous ont précédés mais aussi le souci de l’environnement que nous voulons laisser aux générations futures. À cet égard, Paris 2024 fait figure
d’exemple puisque ces Jeux ont, notamment, établi de nouveaux standards de durabilité pour les événements sportifs majeurs en encourageant l’économie d’énergie, l’innovation et la créativité. Si l’on ajoute la réduction drastique de l’empreinte carbone et le recours aux énergies renouvelables, ces Jeux olympiques marquent bien l’entrée dans une nouvelle ère. Une ère qui conjugue le respect que l’on se doit d’avoir pour les autres au respect pour notre environnement
naturel.
ALBERT DE MONACO
photo: dr
POUVOIRS MAGAZINE