La CPI Sollicitée par les Africains qui la Condamnent Paradoxalement

5 mois

Les avocats de Oumar Sylla, alias Foniké Menguè, et de Mamadou Billo Bah, deux opposants à la junte en Guinée, ont demandé à la Cour pénale internationale (CPI) d’intervenir. « En urgence » et de « demander des investigations immédiates » concernant leur disparition après leur arrestation.

« Nous vous écrivons en urgence pour vous faire part de la plus vive préoccupation de ceux que nous représentons. En lien avec la disparition très inquiétante de deux membres du [Front national pour la défense de la Constitution, FNDC], MM. Foniké Menguè et Billo Bah, le 9 juillet ». Ces propos sont ceux des avocats français Vincent Brengarth et William Bourdon dans une lettre adressée Karim Khan. Karim Khan est le procureur de la CPI. « Nous demandons que la CPI intervienne en urgence afin de demander des investigations immédiates sur le cas de ces deux personnes disparues », ajoutent-ils.

Sylla et Bah, membres du FNDC, mouvement citoyen réclamant le retour des civils au pouvoir. On les a arrêtés le 9 juillet, selon le FNDC, qui dénonce un « kidnapping ».

arbitraire

Cette arrestation s’inscrit dans une série d’actions similaires depuis que le colonel Mamadi Doumbouya a pris le pouvoir en septembre 2021. Le FNDC affirme qu’on a arrêté les deux hommes chez Sylla. Puis les gendarmes d’élite les ont conduits à la direction des investigations judiciaires de la gendarmerie. Avant de les détenir au secret sur l’île de Kassa, au large de Conakry.

Le procureur général de Guinée a nié l’arrestation des deux militants et a demandé des enquêtes sur leur disparition. Affirmant qu’aucun établissement pénitentiaire ne les détenait.

Les avocats, dans leur lettre à la CPI, expriment leur « plus grande stupéfaction » face aux dénégations du procureur général. Ils demandent que Sylla et Bah soient libérés ou que leurs corps soient rendus à leurs familles s’ils sont décédés.

Cette sollicitation de la CPI par des Africains, tout en la critiquant souvent, est illustrateur d’un fait. C’est la complexité des relations avec l’institution judiciaire internationale. Tandis que certains gouvernements africains condamnent la CPI, la société civile et les opposants politiques n’hésitent pas à la solliciter. A l’appeler à l’aide dans des situations désespérées.

JULIEN BOUABRE

photo: dr

POUVOIRS MAGAZINE

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