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Can 2024: Gasset attend l’homme providentiel

Jean Louis Gasset et Sébastien Haller en conférence de presse

Jean Louis Gasset et Sébastien Haller en conférence de presse

Avant le match décisif contre la Guinée Équatoriale, les projecteurs sont rivés sur le retour de l’attaquant vedette des pachydermes ivoiriens Sébastien Haller, qui doit endosser le costume de sauveur.

C’est un réflexe très africain de transposer nos espoirs sur les frêles épaules d’un hypothétique sauveur qui détiendrait la panacée à nos turpitudes. En l’espèce, Jean Louis Gasset ne fait pas exception. En stipulant indirectement que les retours de Haller et de Adingra seraient la clé de voûte qui désinhiberait nos éléphants, est en soi un leurre en plus d’une erreur de jugement.

Les éléphants jouent mal ensemble, le diagnostic est implacable. Le collectif délègue à l’individuel et ça n’est pas nouveau chez les Ivoiriens. Il urge plus que jamais de résoudre cette tare en sonnant la révolte, mieux en redonnant du sens au jeu et à la dynamique collective.
Nul doute que le technicien français en a conscience et y travaille. Toutefois d’un point de vue psychologique, cristalliser notre réussite sur le retour d’un blessé n’envoie pas un bon signal. La clameur générale à l’image du coach le réclame et le revendique. “ Si Haller était là, on gagnait ce match” entend-t- on depuis le début de la compétition. Un mauvais sélectionneur c’est aussi celui qui a un mauvais banc de touche incapable de boucher les trous créer par l’infirmerie.

À l’instar des supporteurs ivoiriens, le Montpelliérain croit tellement aux individualités qu’il résume la déroute de ses poulains au talent de
Victor Oshimen. Balayant ainsi le mérite de dix autres vigoureux Supers Eagles dans l’équation qu’il n’a pu résoudre.
Comme on dit de façon triviale : un entraîneur ne devrait pas dire ça. En plus d’un aveu d’impuissance, c’est une mise en doutes de son expertise à faire jouer
une équipe. Le buteur résout un problème celui de la victoire, l’entraîneur lui s’adosse à une stratégie qui met en branle des compétences, des aptitudes
intellectuelles et sportives en l’occurrence. Pour la gouverne de Gasset et des supporteurs ivoiriens, Haller ne fera pas à lui tout seul le printemps à Ebimpé.
Ses buts seront l’aboutissement et la convergence de plusieurs énergies. Cette posture de l’homme providentiel symbolise en réalité nos paresses
intellectuelles et notre refus de célébrer le labeur collectif. Notre exigence doit préconiser le travail d’équipe, la synergie des intelligences multiples et
hétéroclites. L’étoile Drogba n’aurait singulièrement scintiller sans le rayonnement d’autres étoiles. Tout comme le mérite de la réalisation d’un
magnifique pont résulte de la dextérité à la fois des ingénieurs jusqu’au plus petit ouvrier en béton. C’est une chaîne de savoir -faire. Au demeurant, nos réussites aux précédentes éditions de la coupe d’Afrique le démontrent aisément. Les deux étoiles floquées sur le maillot ivoirien sont l’expression de victoires qui sacrent la force du groupe. Prenons en de la graine et mettons les 27 sélectionnés, le staff technique et les 26 millions d’ivoiriens à contribution

 

ERIC OULLA, Ebimpé

POUVOIRS MAGAZINE

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