“L’âme cassée” est le recueil de 39 poèmes que propose Eugène Zadi. L’un d’eux, “Wiegweu 1” est un pleur poétique bété psalmodié. L’auteur qui fait planer l’ombre de son frère Bernard Zadi qui lui prête main forte à bien d’égards depuis le lointain:
” Porte au loin ma voix dayou (mon frère)
Dissègnon Zaourou
Au cœur si tendre
Tendre et doux est ton cœur
Inspire moi frère
Eclaire moi et lisse ma voix
Qu’elle vibre et vibre
Au son de ta sanza
Son rouge sang
Polis ma voix née à la jonction de la douleur et de l’art
Zaourou
Petite et puissante lumière venue du Yacolo
Qu’il vibre donc ton Dôdô
Qu’il hurle son dégoût
Râle sa colère
Roucoule son amour
Ton arc musical (…)
Inonde l’oreille aveugle
Pour qu’enfin ils m’entendent
Ces barbouzes aux yeux rougis de haine
Ce peuple de Varans
Cette élite de pacotilles“.
L’auteur a écrit ce texte en hiver, il faisait extrêmement froid dans Paris lieu de production et de rédaction de ce texte. Tout seul dans sa chambre les idées ont germé, la pensée est allée en direction de la famille Zadi en général. Gagné par une mélancolie profonde, l’auteur de “L’âme cassée” dont la couverture conçue par sa fille présente une fenêtre mal fermée, avec des rideaux bousculés par un vent qui a réussi à en émietter la vitre, s’est saisi d’un téléphone souvent ou d’un stylo parfois et a déversé tous les sentiments.
Ce livre-thérapie est un chant d’amertume qui finit par une espérance aux dires du préfacier N’Guettia Martin Kouadio.
Pour l’auteur, il faut faire face parce que nul ne le fera à votre place. Inutile de continuer de geindre, parce que si vous le ne faites pas, aucun secours extérieur ne viendra. Dans votre malheur, après une visite, les amis, la famille passent à autre chose. Et la vie se charge de les occuper à d’autres charges.
L’auteur en écrivant ce livre, a voulu attirer l’attention de chacun de nous sur notre société qui pourrit sur pied par cette tendance à vouloir tendre la main à tout le monde, même si la solidarité est un beau trait de caractère, une belle posture sociale.
Pour lui, après la chute de notre paysannerie, les urbains se sont montrés fermés sur eux-mêmes. Or la Côte d’Ivoire est un pays qui devra faire partie du peloton de tête de l’Afrique. L’auteur invite à plus d’empathie et estime que chacun est responsable de cette fuite des valeurs. Le développement est impossible sans valeur. Et pourtant Eugène Zadi croit en la jeunesse de ce pays qui pétillante d’imagination et d’ingéniosité.
POUVOIRS MAGAZINE