Le petit Konan naît de Kakou Konan Gabriel Gbéliabou et de Ya Kouadio Brou sa mère, le 28 décembre 1936 à Yamoussoukro. Il y fait ses premiers pas scolaires, les prolonge dans les villes de Toumodi, puis Abidjan. Il poursuit ses études secondaires à Bouaké puis en France.
C’est à Paris qu’il obtient le Baccalauréat en 1957. Le jeune homme aime les livres. Il lit beaucoup et du tout. La poésie française le fascine, avec ses formes savantes et régulières. « Les fleurs du mal » et les autres livres de Charles Baudelaire lui plaisent. L’auteur aussi. Il lui emprunte son prénom auquel il adjoint l’anagramme de Konan : Nokan et devient Charles Nokan. Il publie son premier livre en 1956 : « Assié ». C’est un récit. Puis il poursuit ses études de lettres, obtient sa licence en lettres en 1962 à Poitiers.
Il intègre les courants communistes. Communiste désormais, Charles Nokan est soupçonné en 1963, de tenter de déstabiliser le régime de son cousin Félix Houphouët-Boigny, alors Président de la Côte d’Ivoire. Il est incarcéré, dans « l’affaire des complots de Côte d’Ivoire » en même temps que les grosses figures de l’intelligentsia et de la politique ivoirienne que sont Jean Konan Banny, Germain Coffie Gadeau, Charles Bauza Donwahi, Kacou Aoulou, Samba Diarra, Antoine Niamkey Yangni-Angaté et bien d’autres.
Tous pardonneront des années plus tard cette injustice quand le président Houphouët-Boigny s’excusera et aura la présence d’esprit d’atténuer sa bévue, son tort en offrant, en guise de réparation, des postes à chacun des anciens détenus. Charles Nokan qui pardonnera mais n’oubliera pas refusera les tentatives de rachat de son cousin. Il vomira son régime surtout qu’Houphouët-Boigny avait été communiste comme lui avant de trahir cette idéologie pour devenir un capitaliste et libéral de premier ordre.
Depuis, tous les textes fictifs ou non de Nokan portent les stigmates et cicatrices de ce déchirement. « Yassoua refusa de manger le fruit mur de Nianga », « Félix Houphouët-Boigny n’a pas préparé sa succession » etc par exemple dénonce ce régime.
Charles Nokan sera fait membre de l’Académie des sciences, des arts, des cultures d’Afrique et des diasporas africaines (Ascad). L’académicien était la conscience morale du prix Kailcedra, il avait été l’écrivain à l’honneur du Sila avant d’être distingué cette année 2022, du prix d’excellence décerné par le Président Alassane Ouattara.
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